En vertu des dispositions de l’article 58 de l’arrêté N°091/MESRS/CAB/DC/SGM/R-UAC/SP-C du 15 avril 2009 portant attributions, organisation et fonctionnement de l’Université d’Abomey-Calavi, les Facultés, Ecoles, Instituts et Centres sont les établissements de formation et de recherche de l’Université d’Abomey-Calavi. Ceux-ci sont répartis sur les sites appelés centres universitaires. Il s’agit des centres universitaires d’Abomey-Calavi, de Cotonou, de Porto-Novo, de Dangbo, de Lokossa et de Ouidah.

Le Centre universitaire d’Abomey-Calavi abrite, pour sa part, un certain nombre d’entités de formation au rang desquelles figure en bonne place la Faculté de Droit et de Sciences Politiques (FADESP). C’est à l’historique de cet établissement de formation et de recherche que s’intéresse ce bref exposé. Et parmi les nombreux thèmes que peut inspirer cette  problématique générale, l’exposé s’est focalisé sur les centres d’intérêt suivants :

1- l’évolution du statut juridique de la Faculté ;

2- les changements intervenus dans la sphère des infrastructures d’accueil de l’établissement ;

3- les mutations enregistrées au niveau des offres de formation de l’entité.

Ce choix, qui peut paraître relativement arbitraire, est fondé sur l’idée que c’est surtout à ces trois niveaux que cet établissement de formation et de recherche a connu l’évolution la plus significative depuis sa création.

L’évolution du statut juridique de la Faculté

On peut affirmer sans risque de se tromper que peu d’usagers de l’établissement de l’Université d’Abomey-Calavi qui s’appelle aujourd’hui Faculté de Droit et de Sciences politiques savent que celle-ci n’a pas toujours été une Faculté ; qui plus est, une Faculté dont la mission ne comporte que deux volets, l’enseignement et la recherche dans le domaine du Droit et de la Science politique.

De ce point de vue, il peut être intéressant de leur indiquer que la Faculté de Droit et de Science Politique actuelle a ouvert ses portes à la rentrée de l’année universitaire 1971-1972 avec le statut d’Institut. En effet, l’établissement dont il s’agit s’appelait Institut National de Formation des Cadres de l’Administration Publique et Privée (INFCAPP).

Cet institut fut l’un des premiers établissements de l’Université du Dahomey mise en place par le décret N°70-217/CP/MEN du 21 août 1970 portant création et organisation de l’université et des Enseignements Supérieurs au Dahomey. Il est utile de préciser ici que l’Université du Dahomey a changé entre-temps de dénomination à la faveur du changement d’appellation du pays, le 30 novembre 1975, en devenant Université Nationale de Bénin. Ensuite, l’Université nationale du Bénin a connu elle-même une mutation en devenant Université d’Abomey-Calavi lorsque les autorités politiques du pays décidèrent, à la rentrée de l’année académique 2001-2002, de créer une deuxième université publique, l’Université de Parakou.

En réalité, les étudiants des deux premières promotions de l’INFCAPP ont été informés de la manière la plus officielle que leur formation ne devait durer que deux années universitaires. C’est dire que le profil des cadres qui devaient sortir de l’INFCAPP serait ce qu’on désignerait aujourd’hui par l’appellation « bac+2 ». Cette formation de courte durée était destinée à combler le vide qui était observé au double niveau de l’Administration publique et des secteurs parapublic et privé.

Il faut préciser que les étudiants concernés acceptaient difficilement ce choix qui leur était imposé puisqu’il limitait l’horizon de leur promotion sociale. Cela leur était d’autant plus insupportable que leurs camarades des autres établissements de formation n’étaient pas soumis à une telle limitation de leurs ambitions académiques. Les données qui viennent d’être exposées expliquent dans une large part les mutations intervenues au cours de l’année universitaire 1973-1974.

En effet, l’INFCAPP a connu successivement deux changements pendant cette année au plan de son statut juridique en devenant d’abord un Département, ensuite une Faculté. En d’autres termes, l’INFCAPP s’est mué en Département des Sciences Juridiques et Economiques (D.S.J.E.) avant d’être baptisé Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Politiques (F.A.S.J.E.P.).

Toutefois, ces deux changements ne sont pas intervenus dans la vie de l’institution de la même manière. En effet, il a été procédé à la transformation du statut d’Institut  en  celui de  Département par la voie administrative « ordinaire » alors que le passage du statut de Département à celui de Faculté ne s’est pas fait sans heurts.

En ce sens, les deux promotions d’étudiants inscrits à l’époque au D.S.J.E. se souviennent certainement du mouvement de grève longue et dure qu’ils ont dû observer pour que leur établissement accède, à l’instar des autres entités de l’Université du Dahomey d’alors, au statut de Faculté. Effectivement, un certain nombre de facteurs peuvent expliquer cette situation face à laquelle les usagers de l’actuelle Faculté de Droit et de Science Politique sont en droit de manifester  légitimement leur étonnement. Pour ces derniers, l’érection d’un établissement universitaire en Faculté devrait relever d’une décision banale. A cet égard, il convient de souligner  la formation de courte durée à laquelle avait vocation l’établissement alors qu’une Faculté est destinée à assurer  une  formation de longue durée.

A cela, il faut ajouter le fait que certains des décideurs du secteur  des universités considéraient que l’expérience prouve que les meneurs de mouvement de grève en milieu étudiant sont généralement des étudiants des Facultés de Droit et d’Economie. Et  les souvenirs de mai 68 en France, des grèves de l’Université de Dakar et de l’Université d’Abidjan étaient encore frais dans les mémoires.

Enfin, il n’est pas inutile d’indiquer que les étudiants  boursiers qui ont observé la grève ayant permis au D.S.J.E. de devenir F.A.S.J.E.P. ont subi une défalcation sévère sur les allocations dont ils bénéficiaient de la part de l’Etat, le taux mensuel de leurs bourses étant passé de dix-huit mille (18000) francs cfa à quinze mille (15000) francs. Du reste, la plupart d’entre eux ne percevront plus jamais le taux de dix-huit (18000) francs avant la fin de leurs études dans cette Faculté. En effet, le pouvoir en place institua, dans la même foulée, la « mission d’enseignement » pour les étudiants et décida d’allouer à chacun d’eux un « salaire » mensuel de quinze (15.000) francs.

Dans la rubrique des mutations enregistrées sur le plan du statut juridique de l’établissement qui nous intéresse, il y a lieu de signaler enfin le changement intervenu vers la fin de l’année 2001 et qui s’est traduit par ce qui est alors apparu comme une séparation des deux volets constitutifs de l‘institution.

Cette dernière mutation s’est traduite notamment par la prise de deux actes administratifs soumis à la signature du Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, c’est-à-dire l’arrêté N°095/MESRS/CAB/DC/SG/SP du 02 novembre 2001 et l’arrêté N°096/MESRS/ CAB/DC/SG/SP de la même date. En procédant à la nomination des responsables par intérim des deux nouveaux établissements, respectivement en les personnes des Professeurs Anatole Virgile Akpovo et Hospice Ahouandjinou d’une part, et des Professeurs Fulbert Géro-Amoussouga et Pasteur Emmanuel Just Akpo d’autre part, ces deux arrêtés ont consacré par la même occasion la naissance de deux entités juridiquement et administrativement distinctes, à savoir Faculté de Droit et de Science Politique (FADESP) et la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FASEG). A partir de ce moment, une nouvelle ère s’est ouverte pour l’institution qui s’est retrouvée dépouillée de son  ancien volet « Economie ».

Les changements intervenus dans la sphère des infrastructures d’accueil de l’établissement

Dans la longue interview que le Doyen actuel de la Faculté, le Professeur Frédéric Joël Aïvo, a accordée au quotidien béninois « La Nouvelle Tribune » dans sa parution N° 3278 du 25 mai 2016, ce dernier a brièvement évoqué la question des infrastructures de l’établissement dont il a la charge.

Dans ce cadre, il n’a pas manqué de souligner l’importance des efforts fournis par le Recteur actuel de l’Université d’Abomey-Calavi dans le domaine des infrastructures pour améliorer un tant soit peu les conditions de travail des étudiants de son Université. Toutefois, il a aussi reconnu que malgré ces efforts, il reste beaucoup à faire au regard du phénomène de massification auquel doivent faire face les universités africaines en général, et l’Université d’Abomey-Calavi en particulier. En conséquence, dit-il, il y a encore nécessité d’investir pour la construction d’amphithéâtres appropriées et modernes pour la Faculté.

Cet état des lieux établi en matière d’infrastructures met en lumière des insuffisances dans le domaine des bâtiments destinés à abriter les enseignements et l’Administration de la Faculté. Cependant, on  ne peut véritablement apprécier le chemin parcouru dans ce domaine par celle-ci que si on remonte aux origines de l’institution.

A cet égard, il suffit de se référer aux conditions de travail offertes aux étudiants des différents établissements de formation et de recherche de l’Université du Dahomey et celles qui étaient faites aux  apprenants de l’INFCAPP et du D.S.J.E. jusqu’à leur transformation en Faculté en 1974 pour se rendre compte du sort peu enviable qui était fait à ce dernier établissement.

En effet, le Département des Etudes Médicales et Paramédicales (D.E.M.P.) a disposé assez tôt de bâtiments propres à lui pour ses activités pédagogiques et administratives sur le site de Cotonou, (Champ de foire). Il en a été de même pour le Département des Etudes Littéraires, Linguistiques et des Sciences Humaines (D.E.L.L.), pour le Département des Etudes Scientifiques et Techniques (D.E.S.T.) et pour le Département des Etudes Agronomiques et Agrotechniques (D.E.A.A.).

Pour ces derniers Départements, des infrastructures ont été érigées dès les premières années de leur existence juridique sur le site d’Abomey-Calavi. Ce ne fut pas le cas du Département des Sciences Juridiques et Economiques dont les étudiants « squattaient » d’une certaine manière, pour recevoir leurs cours, des bâtiments appartenant à diverses administrations publiques ou dans des salles appartenant à d’autres Départements de la même Université. On peut citer à cet égard  certains bâtiments de l’ex Ministère des Affaires étrangères, notamment « la coupole de l’U.A.M. » et certains des bureaux de ce Ministère. De même, l’amphithéâtre du Département des sciences médicales et paramédicales abritait beaucoup de cours dispensés au profit des étudiants du département des sciences juridiques et économiques. On pouvait ranger dans la même catégorie le Centre d’Enseignement Ménager de SCOA Gbéto, certains locaux de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin (CCIB), la bibliothèque du Tribunal de première instance de Cotonou. En d’autres termes, seul ce Département ne disposait pas d’infrastructures propres à lui.

Le sort différent fait au Département des Sciences Juridiques et Economiques par rapport aux autres Départements avait une explication : de l’avis de certains décideurs du secteur de l’Enseignement supérieur, les formations que devait dispenser ce Département ne figuraient pas parmi les disciplines susceptibles d’aider notre pays à résoudre ses problèmes de développement. Pour cette raison, le Département des Sciences Juridiques et Economiques était à peine toléré dans cette Université naissante, surtout que c’est au sein des établissements assurant les mêmes types de formation dans les autres universités qu’émergeaient généralement les meneurs de grève. A partir de cette réalité, le Département des Sciences Juridiques et Economiques n’était pas loin d’être perçu comme une « usine à fabriquer des subversifs ».

Toutefois, il faut préciser qu’à partir de l’année académique 1975-1976, la plupart des activités pédagogiques et administratives de la Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Politiques (FASJEP) étaient concentrées dans les locaux du bâtiment qui était alors désigné sous le nom de « Hall des congrès » et qui a abrité récemment le Ministère chargé des Relations avec les Institutions et même la Primature. Malheureusement, cette ère nouvelle ne devait pas durer longtemps.

En effet, dès le mois de janvier 1977, lors de l’agression subie par le Bénin au cours de ce mois, les Mercenaires auteurs de cette attaque sanglante, ont lancé des armes lourdes sur le bâtiment en question, très probablement en raison de la position géographique qu’il occupe par rapport à la Présidence de la République qui constituait leur véritable cible. A l’époque, il ne faisait aucun doute que beaucoup de documents précieux appartenant à l’Administration de la FASJEP ont brûlé lors de cette attaque. De ce point de vue, la FASJEP a été une victime collatérale de l’agression armée du dimanche 16 janvier 1977.

L’une des conséquences immédiates de cette nouvelle situation a été le transfert en urgence de la Faculté sur le site d’Abomey-Calavi.  Et si on devait demeurer dans l’ancienne logique qui faisait de la Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Politiques « le parent pauvre  de l’Université », on imagine aisément les difficultés qu’auraient eu à affronter les responsables de la Faculté pour régler les problèmes pédagogiques et administratifs de cette entité pour le compte de cette année universitaire. Heureusement, la situation avait évolué entre temps grâce à l’action de certains hommes qu’il convient d’évoquer ici. Il s’agit notamment de feus Ignace Boco Adjo, Nathanaël Mensah et de Maître Robert Dossou.

Le premier, Ignace Boco Adjo, avait été l’un des premiers enseignants de la Faculté avant de connaître une ascension politique impressionnante et de se retrouver dans les instances dirigeantes du Parti de la Révolution Populaire du Bénin (P.R.P.B.) qui était un Parti-Etat. Le deuxième, Nathanaël Mensah, assumait les fonctions de Doyen de la Faculté et le troisième, Maître Robert Dossou, en était l’un des enseignants de premier plan. De plus, le deuxième et le troisième étaient très introduits dans les allées du pouvoir.

Ces nouvelles données expliquent largement la relative facilité avec laquelle les étudiants de la Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Politiques ont pu trouver la place nécessaire sur le site d’Abomey-Calavi pour achever leur année académique 1976-1977. Mais elles expliquent aussi les rumeurs qu’on enregistrait de temps en temps et qui portaient sur les revendications qu’élève la Faculté des Sciences Agronomiques (FSA) voisine. Ces revendications consistent à affirmer que certains locaux occupés par la FASJEP lui étaient en réalité destinés au moment où on les construisait.

On ne peut pas évoquer la question des infrastructures de la FASJEP sans s’intéresser aux trois Paillotes érigées dans la zone des bâtiments qui abritent les activités de cette entité. Lorsqu’on les observe aujourd’hui, elles apparaissent comme des constructions qui ne portent la dénomination de paillote qu’en raison de leur forme puisqu’elles sont couvertes de tôles, elles ont des fenêtres en « naco » etc. En réalité, cela n’a pas toujours le cas puisqu’au moment où le Doyen Robert Dossou les a conçues et a procédé à leur construction, elles étaient très proches des vraies paillotes, puisqu’elles étaient notamment couvertes de paille.

Avec le recul du temps, on est en droit de se poser la question de savoir pourquoi on en est arrivé à ériger de tels ouvrages pour abriter des cours dans une université publique dans un milieu où on ne rencontrait que des bâtiments de type moderne du monde occidental. Face à cette interrogation, on peut émettre trois hypothèses :

1- première hypothèse: le manque de moyens financiers suffisants pour offrir le type d’infrastructure qu’on rencontre dans les autres entités de formation aux étudiants de la FASJEP ;

2- deuxième hypothèse: une manifestation de dédain à l’endroit des disciplines qui étaient dispensées dans cette faculté, en relation avec leur rôle d’éclaireur et de perturbateur des politiques des gouvernants ;

3- troisième hypothèse: le recours à l’authenticité, préoccupation bien en vogue au cours de la période révolutionnaire qui mettait un accent particulier sur la nécessité de « compter d’abord sur nos propres forces ».

De ces trois hypothèses, celle qui semble la plus plausible pour l’auteur de la présente réflexion est la troisième. Ce choix est fondé sur la conviction plus fois affirmée publiquement par le concepteur et le réalisateur de ces paillotes en la personne de Maître Robert Dossou pour qui les Africains doivent se débarrasser du complexe de l’extranéité dans leur lutte pour le développement. Nous étions au début des années 1980. On ne saurait achever les développements consacrés à la présence des paillotes dans le paysage infrastructurel de la FASJEP sans se demander pourquoi cette expérience si originale n’a pas été dupliquée, ni dans cet établissement lui-même ou ailleurs.

A cet égard, il est utile de faire remarquer que l’existence de ces paillotes alimente une véritable controverse aujourd’hui dans le monde des cadres qui en sont issus. En effet, tandis que certains parmi eux pensent qu’il faut raser ces « paillotes de la honte » d’une époque révolue, d’autres sont convaincus qu’il est nécessaire de les réhabiliter  pour la mémoire de la communauté universitaire en en faisant un « patrimoine de musée » relevant de l’histoire de l’Université du Dahomey devenue Université Nationale du Bénin et ensuite Université d’Abomey-Calavi.

Enfin, pour avoir une idée encore plus précise du contexte dans lequel la FASJEP a évolué à l’époque, on ne peut pas ne pas évoquer la politique mise en œuvre par l’Etat révolutionnaire au cours des années 1980 qui s’est traduite par la création, dans le même secteur d’activités que cet établissement de formation, de deux Instituts universitaires. Il s’agit de l’Institut National des Sciences Juridiques et Administratives (INSJA) et de l’Institut National d’Economie. Et comme pour marquer son option pour la formation professionnalisée dont étaient chargés ces deux instituts, le Pouvoir allouait beaucoup plus de ressources financières et matérielles à ces instituts qu’à la FASJEP. Evidemment, une telle politique n’était pas de nature à favoriser le développement de la FASJEP.    

La seconde infrastructure à laquelle on identifie la FADESP, entité née de la scission de la FASJEP en deux nouveaux établissements, se trouve être l’immeuble à deux étages qui abrite depuis une dizaine d’années l’Ecole doctorale de la Faculté. Cet ouvrage a été édifié sous le mandat du Doyen Sikiratou Aguemon née Moustapha Lawani, la seule femme ayant exercé cette fonction jusqu’à présent parmi la dizaine de Doyens ayant dirigé la Faculté. Ce bâtiment fait la fierté de la communauté de la FADESP, particulièrement ces derniers temps où le Doyen actuellement en fonction  a donné à certaines de ses structures une touche de modernité indéniable.

La dernière infrastructure ayant sa place dans cette rubrique et qui constitue une véritable avancée enregistrée ces dernières années par la Faculté est la bibliothèque spécialisée dont l’avant-dernier Doyen, le Professeur Barnabé Georges Gbago, l’a doté  au cours de son passage à la tête de celle-ci.

En effet, pendant longtemps, une telle infrastructure relevait presque du rêve, les étudiants de la Faculté devant se fondre parmi les autres usagers de la bibliothèque centrale de l’Université, aux côtés de leurs camarades des autres entités de formation, pour bénéficier des prestations attendues de ce type d’entité universitaire.

Les mutations enregistrées au niveau des offres de formation de l’entité

L’examen des  formations dispensées par l’actuelle FADESP permet de faire les constats majeurs suivants :

–    les formations assurées dans l’établissement lorsqu’il avait le statut d’Institut et de département d’université n’ont pas été suffisamment stables pour laisser des traces durables. Toutefois, les anciens étudiants de l’INFCAPP ont certainement gardé dans leurs souvenirs le programme titanesque auquel ils étaient soumis et où se côtoyaient des matières variées telles que le droit civil, le droit constitutionnel, les mathématiques, la statistique, la démographie, la comptabilité,  l’histoire des institutions, la littérature et les arts, la philosophie, l’anglais etc ; ils n’ont sûrement pas oublié non plus que leur effectif était nettement plus important que les effectifs inscrits dans la plupart des autres établissements de formation de la même université. Et à ces difficultés s’ajoutait l’insuffisance criarde d’enseignants, ce qui obligeait les responsables de l’Institut à recourir dans des proportions importantes  aux missions d’enseignement et aux vacations des fonctionnaires ;

–  à partir de la période où l’entité a accédé au statut de faculté au cours de l’année universitaire 1973-1974, les offres de formation sont devenues plus stables. Ainsi, jusqu’à une date récente, les études organisées dans le cadre de la section « Droit » étaient réparties en trois options :

1- Option 1 : Administration générale ;

2- Option 2 : Relations internationales ;

3- Option 3 : Droit des affaires et carrières judiciaires.

A cet égard, la section « Economie » comprenait, jusqu’à sa séparation d’avec la section « Droit » constamment deux options. Toutefois, si leur nombre n’avait pas varié dans le temps, les formations dispensées ont connu des changements.

Ainsi, au cours des années 1970, dans la section « Economie », on rencontrait les formations organisées dans les options suivantes :

1- Option : 1 : Gestion ;

2- Option : 2 : Planification.

L’option  « Planification » n’était pas sans lien avec la voie socialiste de développement choisie à l’époque par les pouvoirs publics pour la construction du pays.

Au cours des années 1980, on rencontrait plutôt dans la section « Economie » les options ci-après:

1- Option 1 : Gestion des entreprises ;

2- Option 2 : Finances et fiscalité.

Et pendant les années 1990, les dénominations des formations dans la même section ont encore évolué de la façon suivante :

1- Option 1 : Gestion des organisations ;

2- Option 2 : Economie pure.

Ainsi, une vue globale des ces offres de formation assurées dans la section « Economie » à travers le temps démontre aisément que les autorités académiques de cette section veillaient à établir un lien direct entre ces formations et le type de société en chantier dans le pays.

L’autre phénomène majeur observé dans la Faculté depuis qu’elle est devenue Faculté de Droit et de Sciences Politiques est l’affirmation de plus en plus croissante des matières relevant des sciences politiques. En effet, alors que les matières dont il s’agit n’apparaissaient, jusqu’à la scission de la FASJEP en deux entités distinctes, que comme des disciplines entrant dans la formation des spécialistes de Droit public et particulièrement de Droit public international, elles s’affirment de plus en plus ces dernières années comme des matières entrant plutôt dans la formation des étudiants désireux d’obtenir des diplômes en Science Politique.

C’est certainement pour cette raison que les usagers de la Faculté ressentent la grande proximité qui existe aujourd’hui entre la formation en licence de Relations internationales et celle en Sciences Politiques, notamment depuis le basculement récent de notre pays dans le système LMD. Il est peut-être utile de préciser que la première promotion d’étudiants inscrits en Licence 3 de Sciences politiques à la Faculté a eu son inscription au titre de l’année académique 2015-2016. C’est dire qu’il s’agit d’une évolution récente de la situation au sein de cet établissement, mais suffisamment significative de la tendance grandissante et universelle de la science politique  à « s’autonomiser » par rapport au Droit. Et à partir de ce constat, il n’est peut-être pas exagéré de penser que la Faculté avance progressivement vers une nouvelle scission entre l’actuelle section Droit et son homologue Science Politique, à l’instar de la scission intervenue au niveau de la FASJEP en 2001 et qui a généré l’actuelle FADESP et l’actuelle FASEG.

En guise de conclusion

Il se dégage des développements ci-dessus un certain nombre d’idées-forces. Mais, de toute évidence, l’idée-force la plus importante demeure celle selon laquelle l’entité universitaire devenue aujourd’hui la Faculté de Droit et de Science Politique (FADESP) est née dans un contexte difficile, marqué surtout par des préjugés défavorables à son épanouissement.

Heureusement, il s’est trouvé au même moment des cadres de notre pays, mus surtout par un sentiment patriotique, qui ont cru à cette initiative. On pense ici particulièrement à ceux qui ne sont plus aujourd’hui de ce monde, c’est-à-dire notamment à feus Manassé Ayayi, le premier Directeur  de l’INFCAPP, Conceptia Ouinsou qui a assumé des responsabilités de Chef de département à la FASJEP, Guy-Landry Hazoume, Jean-Julien Codjovi, Ementa Michael Odezugo, Félix Essou Dansou qui a été Chef de département à la FASJEP, Paul Gonzalves, Victorien Santos, Félicien Cotomale, Basile Domingo qui a été Secrétaire principal de la FASJEP, Marie Houedanou née Dossou-Yovo qui a été Chef service de la même entité. Cette liste n’est certainement pas exhaustive. Leur foi et leur engagement leur ont permis de consentir les sacrifices nécessaires à la survie et au développement harmonieux de cet établissement universitaire.

En tout état de cause, quarante-cinq (45) ans après sa création, l’Institution qui s’appelle aujourd’hui « Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Politiques (FADESP) » a des raisons d’être fière de son bilan aussi bien au plan de la quantité qu’au plan de la qualité. En effet, elle a formé des milliers d’étudiants parmi lesquels on dénombre des responsables au plus haut niveau de l’appareil d’Etat ou de la société : Président de la République, Premier Ministre, Président d’Institution, Ministres, députés, Professeurs de haut niveau, hauts fonctionnaires dans différents secteurs, cadres ayant assumé des responsabilités importantes dans des organisations de la sous-région, magistrats, avocats, des notaires, huissiers et même têtes couronnées.

Du reste, l’actualité politique nationale fournit un exemple éloquent de la qualité des produits de la Faculté. En effet, aussi bien le Président de la commission nationale des réformes politiques et institutionnelles mise place récemment par le Chef de l’Etat que son Rapporteur général ont reçu leur formation de juristes au sein de la Faculté. Cela justifie amplement l’hommage que l’auteur de cet exposé voudrait rendre ici particulièrement aux différentes générations dont la contribution a fait de la Faculté ce qu’elle est aujourd’hui.

De ce point de vue, cette brève histoire de la Faculté vise surtout à faire prendre conscience aux générations actuelles de cette entité qu’elles appartiennent à une chaîne dont elles constituent des maillons ; d’autres maillons les ont devancées. Elles en sont  des  héritiers au triple plan du statut juridique de leur entité, de ses infrastructures d’accueil et de ses offres de formation. Pour toutes ces raisons, elles ont le devoir de maintenir et d’améliorer l’héritage et de le léguer à leur tour  aux générations futures.

De façon particulière, elles doivent veiller à créer au niveau de leur entité de formation une structure chargée de garder et de protéger la mémoire des faits et autres éléments de la vie de leur communauté. En tout cas, l’auteur de ce modeste exposé avait constamment à l’esprit, au cours de sa rédaction, l’adage selon lequel « on sait mieux où on est, on sait mieux où on va quand on sait d’où on vient ».

Cotonou, le 15 juillet 2016

Récit préparé par Célestin MONTEIRO

Ancien étudiant de la l’INFCAPP et de la FASJEP
Enseignant de la FADESP à la retraite
Ancien vice-Doyen de la Faculté